domingo, 8 de julho de 2018

Apollinaire

Les deux amours de Guillaume Apollinaire à l'ombre de la guerre. Des amours illusoires?

La correspondance à Lou l'automne 1914 jusqu'au 15 avril 1915.

Après avoir séjourné à Nice, Apollinaire se retrouve à Nîmes ou il commence une formation militaire. Avant de connaître Lou, Apollinaire avait voulu s'engager dans la guerre mais comme son origine était polonaise italienne, il ne fut pas accepté que six mois plus tard quand les pertes des hommes avaient commencé. Le rapport d'Apollinaire au vol des statuettes au Louvre joue probablement aussi ici son rôle. Même s'il fut acquitté, sa réputation était salie. Une justification de sa renommé s'est aussi mêlée dans l'intérêt soldatesque, mais la nouvelle demande de s'enrôler ne fut faite que quand il comprit que sa relation d'amour avec Lou était en péril.

Les lettres à Lou sont très érotiques dès le début: Dans la lettre du 28 septembre 1914 il décrit par exemple le vertige qu'il ressent en remarquant les yeux grands et beaux de la "biche" et le 3 octobre 1914 il rêve d'un jardin dont les fruits seraient ses seins multipliés à l'infini et plus dignes que les pommes d'or gardées par les Hespérides. Dans la même lettre il affirme qu'il l'aime mais qu'il n'ose guère le lui dire. Il lui semble l'avoir toujours aimée, il n'aimera jamais d'autres femmes et il continue: "Ce ne sont pas là paroles vaines puisque je n'ai jamais écrit cela à aucune femme..." Un discours qui doit être contestable et même invraisemblable si l'on connaît sa relation avec Marie Laurencin. Avant elle, il avait aussi déclaré sa flamme à une gouvernante anglaise, Annie Playden, lors d´un séjour en Allemagne en 1901-1902. Il poursuivit aussi Annie Playden en Angleterre.

Le 18 octobre 1914 quand Lou est partie de Nîmes après avoir rendu visite à Apollinaire, il songe avec volupté au regard de Lou, à leurs étreintes et baisers affolés, aux frissons et aux tendresses, disputes et réconciliations.

Lou a évidement d'autres amants. Cependant Apollinaire veut être le maître de la situation. Il semble vouloir décider des amants de Lou et écrit dans la lettre de Nîmes le 28 octobre 1914.

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Le ton de cette lettre est assez possesif: Lou lui appartient y compris son amant Toutou, mais bien sûr qu'Apollinaire est flatté quand d'autres hommes flirtent avec Lou.

Le 23 décembre 1914, Lou a maintenant un autre amour, Toutou. Apollinaire sait très bien ce que Toutou représente pour Lou, il accepte donc un ménage à trois et écrit: "Mon amour exquis, donne-moi aussi des nouvelles de Toutou, qui par son amour pour toi et par celui que tu as pour lui est désormais pour moi une partie de moi-même."

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Cependant dans une lettre datée du 4 janvier 1915 et écrite à son ami Serge Férat, il décrit "l'adoration" comme faite à "l'adoré" parmi des vapeurs de la cocaïne et de l'opium. La folie d'amour faisait-t-elle partie de la totalité guerrière, noyée dans des drogues?

"Fais vite connaissance avec le commandant du port, des aviateurs, etc. ... fumerie, cocaïnerie, la guerre était devenue un paradis artificiel. Ca a duré un mois. J'ai connu alors l'adorée, j'ai souffert 1 mois et demi, passé conseil de révision, pris, puis bonheur fou, ne pouvant plus me décider à signer l'engagement. J'ai signé finalement. Ai tout rompu et suis parti à Nîmes sans laisser mon adresse ni on nom polonais. Le lendemain de mon arrivée au Corps elle était à la porte de la caserne et est restée 9 jours ici."

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En 1907 Apollinaire avait déjà sous le pseudonyme "G A" publié un petit roman plutôt pornographique: Les Onze Mille Verges, dont les "scènes de pédérastie, de saphisme, de nécrophilie, de scatomanie, de bestialité se mêlent de la façon la plus harmonieuse".

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Il est heureux, parce que Toutou est envoyé au front, il déconseille à Lou d'y aller. Est-ce que c'est vrai qu'il aime Toutou ? On peut se permettre d'en douter.

Apollinaire reçoit une lettre de Lou datée du 27 février. Lou écrit qu'elle va aller à Paris et le 6 mars 1915 Apollinaire se demande pourquoi. Apollinaire se sent triste, il peut être envoyé au front n'importe quand. Probablement pas pour le même "Front" que Toutou, car toutes les troupes de Nîmes sont envoyées vers les Turcs pour aider les Serbes.

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Le 4 avril, le Jour de Pâques, Apollinaire va se déplacer au front, il dit adieu à Lou. Il se cite soi-même dans Alcools où il écrit: "Je suis fidèle comme un dogue." Il dramatise en disant qu'il préfèrerait mourir. Il dit aussi qu'il l'a beaucoup aimée et que ça c'est la plus belle chose au monde et il espère qu'elle aussi l'a aimé, du moins pendant quelques mois. Il aimerait le savoir, mais il veut qu'elle dise la vérité. Il lui conseille de faire attention à sa vie et à ne pas se fier au premier venu.

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Le 16 avril 1915 donc un jour après qu'Apollinaire avait écrit ce poème d'adieu il prend contact avec Madeleine Pagès, la jeune oranaise, qu'il avait rencontrée dans le train le 2 janvier 1915 en lui envoyant une carte postale où il écrit qu'il n'a pas pu envoyer son livre de vers parce que son éditeur est aussi aux Armées comme lui. Naturellement il demande si elle se souvient de lui. Le 5 mai 1915 il reçoit un paquet de cigares exquis de Madeleine. Il les partage avec ses combattants et ils la remercient tous. La correspondance aura une suite et les lettres à Madeleine en mars-mai 1915 traitent des réflexions sur la vie au front par exemple ce que lisent les soldats. Apollinaire écrit aussi qu'il était venu au front avec des inquiétudes, mais qu'il n'a pas souffert de l'angoisse, peut-être parce qu'il en avait l'expérience déjà comme l'homme vivant dans une grand ville moderne avec des bruits et des dangers. Ses lettres sont assez longues.

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Le 20 mai 1915 il refere un article du journal Temps qui raconte que les catholiques allemands en Lorraine sont defendus de venerer et d'invoquer Jeanne d'Arc qui fut beatifiee en 1909. Cela incite Apollinaire a penser a son temps en Allemagne et a une vieille legende qui se joue la. Selon cette legende le temps serait une illusion. Probablement il reflechit sur l'interpretation du temps, ce qui aussi etait actuelle avec les theories d'Einstein et de Bergson et ce qui aussi etait liee avec les theories de l'ubiquite dans la litterature et la peinture. L'article sur les catholiques en Lorraint devien un preetexte pour mentionner cela.

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Avec la lettre du 3 septembre 1915 il rajoute des poèmes où il célèbre la guerre, les poèmes témoignent d'un assez bon humeur et de l'enthousiasme tout à fait différent de celui qu'il écrivit à Lou où le bonheur est relaté à l'amour et à la mort.

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Cependant le 2 décembre 1915 à Madeleine, Apollinaire décrit la guerre comme une horreur mystérieuse métallique muette mais non silencieuse à cause des bruits épouvantables. En haut cependant flotte leur amour comme un ange. Dans la tranchée il se sent comme un troglodyte de la préhistoire. Il écrit:

"Je sens vivement maintenant toute l'horreur de cette guerre secrète sans stratégie mais dont les stratagèmes sont épouvantables et atroces."

[...] Le 9 décembre 1915 il écrit même qu'il déteste la guerre et il pense qu'une petite blessure pourrait le mettre à l'abri.

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La dernière lettre à Lou dans la correspondance rassemblée dans "Lettres à Lou" est datée du 18 janvier 1916. À ce temps-là il a été en permission en Oran et il a rendu visite à Madeleine, il commente la visite d'un ton laconique ainsi: "Moi j'ai fait un voyage épatant." La lettre est courte et il dit qu'il à beaucoup à faire parce qu'il est pour l'instant commandant de la compagnie. Il s'habitude à la guerre, il souhaite à Lou de belles amours et beaucoup de bonheur. "Embrasse Toutou de ma part."

Quand on lit la correspondance à Madeleine entièrement après Noël jusqu'au 17 mars, quand il fut blessé, le ton reste chaleureux et pleine d'amour tandis que les passages érotiques manquent. Apparemment Madeleine s'inquiète et dans une lettre datée le 13 février 1916, Apollinaire écrit qu'il se trouve: "(...) dans un état de chasteté morale très rand, non qu'il y ait un voeu, mais cela doit venir de toutes ces manoeuvres, de ce qu'on n'est jamais seul, de ce qu'on a si peu de temps à soi."

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Apollinaire est las de l'hiver et en plus il doute de la justification de la guerre, le 11 mars 1916 il écrit: "J'ai causé hier avec un curé bleu intelligent il m'a dit sur cette guerre les choses les plus justes. Le bon sens s'est réfugié dans le cerveau des femmes et des vieux prêtres." Apollinaire a un grand besoin de sommeil.

Mais c'est après sa blessure que ses lettres deviennent de moins en moins coumoins fréquentes. Apollinaire subit pendant ce temps quelques opérations. Annette Becker qui a écrit une biographie de guerre d'Apollinaire souligne le changement de caractère qu'Apollinaire subit après sa blessure le 17 mars 1916, il ne faut pas oublier qu'il fut trépané. Des amies l'ont décrit comme: irascible, déprimé, sa mémoire avait des défaillances, des colères brusques l'emportaientt.

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La dernière lettre est datée le 23 novembre 1916:

"Ma chère petite Madeleine. Je suis fatigué et il y a si peu d'amitiés pour moi en ce moment à Paris que j'en suis navré."

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Le 2 mai 1918, Apollinaire se maria avec Jacqueline Kolb, le 9 novembre il mourut de la grippe espagnole, affaibli par la guerre et sa blessure. Le même jour un autre Guillaume (II), l'empereur, abdiqua, l'armistice est signé le 11 novembre et le 13 novembre le cortège funèbre d'Apollinaire eut des problèmes à frayer le chemin à cause de la foule qui salua l'armistice. Une fin qui peut trouver des ressemblances avec sa vie.



Fonte:
http://lup.lub.lu.se/student-papers/search/publication/1971076

Mais:
http://docs.google.com/file/d/0BxwrrqPyqsnITnNGWThETDZUaFE
http://docs.google.com/file/d/0BxwrrqPyqsnIeE84cF9TRmJhejA
http://cine-monstro.blogspot.com.br/2010/05/um-belo-filme-de-guillaume-apollinaire.html